Charleroi
Un terrain vague, comme ultime berceau
Et le cœur qui chavire, suivant tes gestes.
Ton souffle sulfure effleurant ma peau,
Ta voix, ton murmure, désir en zeste,
Avant n’est plus, et l’instant est inceste.
A genoux je te prie, cueille ma fleur
Et souille mon corps, et salis mon cœur.
Entre dentelles blanches et chant dévot
Je suis là ; prête à voler en vainqueur
Je suis là, va, emmène-moi plus haut.
Le souvenir écaillant les journaux
Du lambris que l’on cache quand vient la peste.
Silhouette ébène caresse mes os
Silhouette sereine, silhouette céleste,
Mes cris sont à toi, lointains et modestes.
Entends mes violons quand passent les heures ;
Tous sont pour toi, éternels et ailleurs.
Oh, silhouette au dos drapé de sueur
Je suis là ; Je sens tes crocs qui m’effleurent
Je suis là, va, emmène-moi plus haut
Sombre falaise ouverte par ferveur ;
Viens, partons, à Claix ou à Uzestes,
Trompons la mort, partons, allons ailleurs !
Partons avant qu’amour se fasse funeste,
Prenons un train vers d’autres Ceyrestes.
Va et viens, au creux de tes ardeurs
Fais-moi reine, étouffe-moi de ton leurre.
Soupçon de douleur obscurcit mes mots ;
Je suis là ; viens à moi, je n’ai plus peur
Je suis là, va, emmène-moi plus haut
Je n’ai pas de remords et pas d’aigreur
Pas même encore de petites rancœurs
Un terrain vague, comme ultime berceau
Le percuteur percute, sans cris, sans pleur,
Je suis là, va, emmène-moi plus haut