La nuit

Ô Ma nuit, ô doux chant
ô ma cage, mon sextant
ô mon amie
Aux jupons de mariées
Aux putains calcifiées
ô, ma nuit
Et aux soleils, aux flammes
Et aux rétines qui crament
Je rends gloire le soir
Et que vienne la foire
Et je tourne et je chante
Tente de séduire l’infante
Et l’ivresse qui m’empoigne
Un soupir qui s’éloigne

Et je vois les passants
Empoisonnés, survivants
Conquérir le désert
Avides de membres estropiés
Néons, traits tirés
D’une autre soirée en enfer
Et la flamme dans leurs yeux
Et le fiel de leurs vœux
Et le vide dans leurs cœurs
Et le cul sous les fleurs
D’un conte de velours
Et d’une histoire d’amour
Et de vagues promesses
Vie cirrhose d’allégresse

Je pars seul en tremblant
Sous un ciel adolescent
Et le pont qui m’appelle
Les déluges déversés
Sur nos paradis ratés
Et l’on ploie sous la grêle
Et on rit, et on meurt
Dans un même temps de bonheur
D’amitié sincère
Ou de parfum d’hiver
Sous le soleil levant
Je m’en vais doucement
Au diable les remords
Au diable, au diable encore