Stella
Elle fume.
Ma chambre est petite, et elle fume. La fumée s’échappe de sa bouche trop maquillée, elle tente de la diriger vers le plafond en maniant une gestuelle qui se veut sensuelle. Elle n’en est que vulgaire. Qu’une autre putain qui saigne de ne pas être née princesse. Je n’aime pas les putains.
Son corps flasque est allongé à côté du mien dans une proximité mimant le bonheur futile des amants qui se retrouvent, dans ma chambre trop petite, elle fume, et je n’aime pas les putains. Je me lève, rompt l’étreinte, je fais les cent pas autour d’un lit souillé par les geignements de la truie. Elle écarte un peu le drap, laissant apparaître une jambe trop grosse. Sa peau ondule légèrement à l’orée de ses hanches, souvenir de jours passés durant lesquels elle était encore sûre de son corps.
« Il pleut ». J’acquiesce d’un mouvement de tête, sans vraiment écouter. Il n’y a rien à écouter que le vide entre ses deux oreilles pourrait me rendre intéressant. Il n’y a rien à faire, à part les cent pas autour du lit. Il n’y a rien à faire à part attendre. Attendre la mort, une autre, une plus grande, ou juste que le jour se lève. Que la nuit cesse et que l’on puisse enfin trouver le sommeil quelques heures. Il n’y a rien à faire. Rien à part fumer sans en avoir envie, baiser sans jouir, machinalement gerber son foutre dans un corps de putain trop maquillée qui aimerait se sentir belle sous quelque caresse attentionnée. Je n’aime pas les putains. Elles me rappellent que je me fais chier, et qu’il n’y a rien à faire.
Elle a écrasé sa cigarette. Je m’assois dans le fauteuil et la regarde. « Tu as aimé ». Ce n’était pas une question. Elle se lève, vient se vautrer à mes pieds. Me caresse les genoux. Une caresse qui se veut douce. Sa peau est rugueuse, comme du papier de verre. Je frémis. Sa main se déplace vers mes couilles. Sa bouche vers mon sexe. Je ferme les yeux alors que le spectacle recommence.